3.500 m² de terres ont été mis en culture par la mairie en 2019 pour alimenter les écoles primaires en légumes et sensibiliser enfants et habitants à une alimentation plus saine. Sur des terres classées au PLU en zone urbaine dédiée à l’activité, que la commune souhaite racheter et transformer en zone agricole.

À Moissy-Cramayel (18.000 habitants), en Seine-et-Marne, la ferme urbaine créé et gérée par la commune produira cette année des aubergines, tomates, poivrons, concombres, pommes de terre, laitues, betteraves, potimarrons… Ces légumes cultivés sans pesticides sur une parcelle en cours de conversion à l’agriculture biologique, située au nord du nouvel écoquartier de Chanteloup, alimenteront la cuisine centrale et seront utilisés pour préparer les repas des 1.800 élèves de primaire déjeunant tous les midis.
La question agricole a été posée dès les premières réflexions sur cet écoquartier qui se développe sur 77 hectares de terres agricoles de cette commune périurbaine située entre Corbeil et Melun. "La ville comptait 2.000 habitants il y a quarante ans et beaucoup d’agriculture. Elle approche aujourd’hui 20.000 habitants et il n’y a plus beaucoup de fermes", témoigne la maire de Moissy-Cramayel, Line Magne.

 

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Produire mais aussi et surtout sensibiliser

"Ce projet s’intègre dans notre démarche initiée en 2016, notamment avec l’aide du Groupement des agriculteurs bio d’Île-de-France, pour améliorer la qualité des produits proposés dans les restaurants scolaires, ajoute l’élue. Mais cela reste une production modeste. Nous travaillons surtout sur la sensibilisation aux enjeux liés à l’alimentation, à la santé et au développement durable avec les enfants et les habitants du quartier."
Le projet, lancé en 2017 sur une sollicitation de l’ancien directeur des services, est encore en cours d’élaboration. "Au départ, il a fallu régler la question du foncier, indique le directeur général adjoint technique de la commune, Didier Gouffier. Nous avons obtenu l’accord des propriétaires, Grand Paris Aménagement et Prologis, pour utiliser 2,5 ha de terres. Nous allons confirmer cela par une convention mais à terme, nous voudrions acheter ces terres et il faudra que l’on révise le plan local d’urbanisme pour transformer cette parcelle en zone agricole." Pour l’instant, ces terres sont classées en zone urbaine dédiée à l’activité. Elles sont mises à disposition gratuitement auprès de la commune par l’aménageur et le fonds d’investissement américain Prologis spécialisé dans la gestion d'entrepôts et de bâtiments logistiques. Son siège social est situé à San Francisco.

Accompagnement par des professionnels

Après avoir obtenu l’autorisation d’exploiter, fin 2017, la commune a signé un partenariat avec le Centre de formation pour la promotion agricole (CFPPA) de Brie-Comte-Robert (77). "Ils nous accompagnent pour établir les plans de culture, préparer la terre et former l’équipe d’entretien des espaces verts qui s’occupe de la parcelle. Ils nous aident régulièrement car le suivi de culture, en bio, cela ne s’improvise pas", précise le directeur général adjoint.
Après une première année de test en 2018, qui a permis de produire près de deux tonnes de courgettes, potimarrons et courges, l’équipe des services municipaux cultivera en 2019 3.000 m² de plantes maraîchères de plein air et 540 m² de plantes maraîchères sous tunnel. "Il y a aussi une parcelle dédiée aux enfants et aux parents, ajoute le directeur général adjoint. Seize classes vont semer des graines et ils pourront venir voir l’évolution avec les parents. Il y a un lien important avec le volet éducatif et les équipes des restaurants scolaires, les enfants savent ce qu’ils mangent et comment cela pousse."

Exploitation assurée par des agents municipaux

Pour la municipalité, le coût d’exploitation de cette ferme reste pour l’instant modeste : de l’eau pour l’irrigation, le temps de travail des agents de la ville et des prestations réglées au CFPPA pour la fourniture des plants et l’accompagnement. Mais augmenter les surfaces cultivées et les volumes de production nécessitera des investissements. Plusieurs options sont étudiées avec l’aide de la communauté d’agglomération Grand Paris Sud Seine-Essonne-Sénart, qui finance les études sur ce sujet.
Pour l’eau, il faudra réaliser un forage ou réaliser un système de récupération d’eau de pluie sur les toits des entrepôts à proximité. Une exploitation professionnelle nécessitera également la construction de bâtiments pour stocker le matériel et les légumes, notamment une chambre froide. Enfin, la cuisine centrale n’étant pas équipée pour transformer de gros volume, la commune mise sur un projet de légumerie qui devrait voir le jour près de Moissy en 2020.

Quelle future gestion pour la ferme ? 

Reste le problème des ressources humaines. Pour le directeur général adjoint, "soit on est convaincu qu’on est capable d’exploiter ces terres en régie municipale et on embauchera du personnel qualifié. Soit on se dit, notamment à cause de la question des horaires et des rythmes de travail, que cela ne marchera pas, et on fait appel à un maraîcher qui assurera la production pour la cuisine et de la vente aux habitants s’il le souhaite, pour qu’il y ait un équilibre financier".

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Agriculture et alimentation durable